Je vais vous raconter ici l'histoire de ce tableau.
Il me vient une idée, comme ça, en pleine nuit, une petite voix dans ma tête qui me dit :
"Laurence ! Tes tableaux sont beaux ! Même très beaux !"
D'ailleurs beaucoup de monde me le dit. Mais cette petite voix omniprésente, me tient éveillée et continue son monologue :
"Mais ils ne sont pas assez originaux ! Une fois trouvé le thème, la posture, les couleurs et bien n'importe quel artiste peintre animalier peut faire comme toi ! Tu es reconnue dans le dessin sur oeuf et l'on te surnomme la Dame aux Oeufs ! Où sont les oeufs ?"
La question était posée !
La réponse vient aussitôt, aussi nette et précise : ils doivent remplacer les ardoises (voire mes précédentes oeuvres) et peuvent être collés sur des toiles, beaucoup plus légère que les châssis bois.
La mosaïque de coquille d'oeuf est un art ancestral tout comme la peinture sur oeuf, remettons-la au goût du jour ! Et j'adore tellement la texture que cela rend !
J'ai passé le restant de la nuit à imaginer le thème, la présentation, les teintes, et au petit matin j'étais impatiente commencer ma future oeuvre.
Voici le tableau blanc avec une idée plus précise des endroits où je devais coller les coquilles avec les 3 faces des félins.
Le fond de base sera bleu très nuit, presque noir, et recouvre mon esquisse. Heureusement j'avais pris une photo pour me rappeler des grandeurs et des formes des emplacements du collage.
Et je colle...
Je colle...
Une douzaine d'oeufs d'oie a été nécessaire ! Un vrai massacre dirait certaines. Pour moi, un jeu de patience, de puzzle où un à un les morceaux ont été assemblés.
Ensuite, c'était l'esquisse sur les coquilles. J'ai commencé par la lionne. D'habitude je faits des esquisses tellement parfaites que le dessin est déjà presque terminé. Mais là, les morceaux de coquilles forment des petites collines de tailles et de hauteurs différentes que les lignes droites en sont modifiées, que les courbes deviennent virages. La tâche semblait bien complexe. L'esquisse est grossière.
Courageusement j'ai continué !
J'ai soigneusement choisi mes pinceaux, j'ai commencé sans relâche, par le regard bien sûr ! et le reste est apparu au bout de quelques heures...
Je suis passée au lionceau.
Faite attention !
Il mord !
Sous la surveillance et l'encouragement de Ti'Scotchy, j'ai terminé par le lion.
Sur la photo suivante on voie bien les petites collines !
J'ai fait une pause car selon la luminosité, les traits de ce fier lion se modifient. Je le trouve plat sans aucune profondeur ! A ce moment là il ne me plait pas du tout !
Ce que j'aime dans l'oeuf : c'est son arrondi ! S'avoir tricher pour retrouver une perspective en fuite ! Au lieu d'un oeuf, j'ai une multitude de collines ! J'ai repris la peinture avec une lueur de défi !
Le plus important est fait mais il reste l'essentiel ! Après séchage complet je passe à l'étape suivante : la consolidation des coquilles avec de la colle à bois qui va amené à la douceur de la texture.
Au séchage les félins retrouve leurs couleurs.
Le papier de soie est ensuite collé, froissé, bien froissé. Avec son temps de séchage. Puis les contours sont découpés.
Ce papier est peint, aux couleurs harmonieusement et subtilement bien placés d'un bleu et d'un jaune qui donnent des teintes de forêt.
Il ne reste plus qu'à lui apposer ma signature et il est parfait !
C'est un tableau à voir de loin et à caresser de près !